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                    de Moyens d'Accès au Monde (Introduction 1 : Prélude 
                    en Réquiem) - Editions du Bord de l'Eau - 2005 " 
                    Cahier des charges – Chacun des six tableaux qui constituent 
                    ce livre est une alêne piquante dont le but exclusif 
                    est de percer le sable pour retrouver le monde. Il s’agit 
                    dans chaque bloc de pensée-sensation-style-action de 
                    tenir ce bref cahier des charges en trois points :- Premièrement : utiliser et créer des mots, 
                    des idées, des actions, des figures qui esquivent le 
                    désert, qui permettent de se camoufler en lui tout 
                    en le surveillant – posture du maquisard...
  - Deuxièmement : retrouver l’expérience, 
                    la confrontation pure avec les forces profondes, une authenticité 
                    perdue, une lointaine origine qui nous dit vitalité, 
                    vérité et puissance.
 - Troisièmement : construire dans le désert 
                    de sublimes chapiteaux qui constituent les bases d’un 
                    monde à refonder.
  
                    Puisque les grandes pensées et les grands soulèvements, 
                    mais aussi les bohèmes et les spleens nihilistes appartiennent 
                    désormais au passé, ce livre n’est pas 
                    plus optimiste que désespéré. S’il 
                    ne se grise pas d’un nouveau mot en -isme ou d’une 
                    nouvelle équation qui soulagerait les hommes, il ne 
                    se perd pas non plus dans la fascination hypnotique du visage 
                    dévasté de l’époque. Il ne s’en 
                    accommode pas. Il traduit, en revanche, en en faisant l’éloge, 
                    les infimes craquements, les subtiles chuintements dans le 
                    silence bruyant de la modernité. Ni espoir, ni désespoir 
                    : une tâche. Clinamen, microbienne déviation...Avec la naïveté d’un enfant de mille ans 
                    qui sait n’en avoir que vingt-huit, je reconstruis la 
                    vie avant même l’achèvement de son apocalypse. 
                    J’empile les cubes en bois, les jouets et les fleurs, 
                    et très modestement,... je refonde le monde. Je ne 
                    juge pas l’époque, je ne la promène pas 
                    sur les courbes d’un abaque afin de la noter, comme 
                    on note un élève. Nous n’en sommes plus 
                    là ".
 
  
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